mercredi 25 avril 2012

de retour chez soi

Nous sommes partis à 11 exposer à Bandol au cours du Printemps des Potiers, manif très hip du sud de la France.  J'ai envie de tout raconter l'aventure, mais elle rivalise avec l'Iliade en longueur. Comme j'y travaille depuis au moins trois ans, tout à coup, je me sens un peu vidée, lasse, sans projet, esseulée, inutile, avec mes trophées et mes claques dans le dos. En bref, une délégation québécoise fit office , magistrale, de pays invité à l'exposition au Centre culturel Ravaisou de Bandol. Pays invité. Déjà , juste avec ce mot je suis émue. Et de l'image du caribou, de Davy Croquette, des hivers blancs et interminables comme des mariages arrangés, on est apparus comme des bêtes de travail, ponctuels, organisés, fiables, créatifs, willings, bloods, toujours partants pour un apéro ou un déchargement. On ne se connaissait pas dans l'intimité, on a vécu un sur l'autre pendant deux semaines. Veillant les uns sur les autres, qui malade, qui perdu, qui packté, qui ému, qui diva, qui va là. J'ai connu des âmes fragiles mais si fortes, des portions généreuses d'humanité, un respect exponentiel de l'expression artistique, perso, authentique, primale. J,ai aimé voir mes collègues se mêler, entreprendre de nouvelles relations, ouvrir leurs fenêtres, tisser de longs manteaux avec d'autres qu'eux, j'ai adoré partager cette image que je voyais depuis 5 ans, sans explications enfin, je veux dire, quand je revenais, toute seule, de ces voyages expositoires, j'étais incapable de traduire ce que j'y trouvais. Maintenant 10 de plus le connaissent, ce sentiment d'implosion vertigineux qui nous prend quand on réalise qu'il y a quelque chose en dehors de nous qui nous attend et nous happera. Je suis tellement reconnaissante que j'en chialerais devant mon clavier, à toute l'équipe du Printemps, à mes collègues devenus famille, et à ceux qui ont cru au projet, Et à moi, à mon acharnement quasi canin , pour une fois, ça m'aura servi.