dimanche 21 août 2011

5 jours. Papillon.



Il n'ya pas de limite à nos rêves, sauf quand ils se mettent à vouloir se réaliser. Alors tout à coup on, je suis timide devant l'aboutissement de mon au-delà, comme quand on souhaite ardemment quelque chose et que cela se produit. La seule et unique raison pour laquelle j'avais embrassé ce métier de céramiste c'était pour y faire de la sculpture. Mon grand regret c'est de ne pas être née dans un environnement qui m'eût été favorable artistiquement: Rome ou Florence, ou même juste Valence. Barcelone, Paris, quelque chose où la sculpture et l'art de ne seraient pas des parements vides et stériles comme cette foutue révolution de l'art conceptuel, grosse merde institutionnalisée, de ces installations masturbatoires exigües, on se farcit la tête de mauvais clinquant, de fausse recherche, de pauvres remises en question. L'art est devenu individuel, ce qui est une tragédie, car il est là pour représenter une cosmogonie entendue par le groupe, pas une élucubration sans points ni virgule de quelques dandys provoquants. Quand, dans toutes les constructions qui se font autour de nous, avons-nous eu le plaisir et la joie de nous émerveiller devant quelque chose qui nous ressemble et nous assemble, au lieu de ces mauvaises places aux lampadaires dizang, de ces suspensions de papier fripé, de ces barbelés peints en rose pour nous leurrer dans notre propre prison.



Je suis enfin arrivée au bout de mon voyage; comme Ulysse, j'ai usé mon cul et des mains pendant plus de dix ans à tenter de rentrer chez moi, accusant chaque recul en silence, chaque écueuil comme une corde à mettre sur mon luth. Mais quand je serai là, dans mon village de l'amour, devant ma destinée, me reconnaîtra-t-elle? Saura-t-elle que je suis venue, pour elle, enfin, pour nous, qu'on se love et qu'on se déteste, je sais qu'elle me fera pleurer, que je douterai, que je regretterai, que j'avancerai malgré les tessons de verres qui me rompent les os, mais je m'allongerai tout de même à coté d'elle, en attendant qu'elle me souffle dans le creux de mon oreille que le temps n'y est pour rien, que l'illumination n'est pas une course, mais un but. Ma destinée, ah! est-elle trompeuse ou taquine? Que sait-elle de moi, ou moi d'elle? Je prends l'avion vendredi prochain, pour aller voir de quoi mes tripes sont vraiment composées, chez quelqu'un devant qui je dois rester solide, car les ogres sont partout, et ils dévorent sans discernement. Je pars pour un mois me mettre les pendules à l'heure. Je sais qu'en revenant, rien ne sera jamais plus pareil, du moins je le crois et je l'espère.