samedi 26 février 2011

Ah! Tu verras, tu verras...

Il m'est difficile d'expliquer pourquoi je suis tenaillée par le doute. Parfois. Il me déroute, m'emboute, me met à bout, je suis déboutée par ce doute. Est il vrai ? J'en viens parfois à douter de mon doute, ou même que j'ai pu douté d'avoir douté. Tant et si bien que je ne doute plus parce que je réalise qu'il n'y a pas qu'une réalité, mais autant de rêves que de rêveurs. Le doute, c'est quand on se met à penser qu'on vit et que c'est sérieux. Qu'on n'est pas là que pour rêver. Alors que en réalité il faut être sur ce mode. Puisqu'il nous faut toute une vie pour apprendre à vivre, il faut sans cesse foncer vers nos chimères, les embrasser et les égorger, tendres Gorgones qui nous ont fait voyager. Car dès qu'on les atteint, elles deviennent vraies et cherchent à nous enchaîner avec leur chevelure des serpents. En y succombant on laisse les lianes de nos instincts reptiliens emmêler nos pas, et nous finissons par ramper à recherche d'un coin tranquille sous le soleil.
Grands Dieux, Saint-Manitou du Calvaire, je suis une lionne quand je sors de chez moi, mais je suis lovée dans mon canapé le soir, rêvant moi aussi de ma roche chaude. Bashung me déchire aussi le coeur quand il me rappelle qu'un jour je ne parlerais plus. Ne sourirais plus, ne serais plus. Alors à quoi me servirais-je de ma vie pour attendre ma mort?
Peut-être que le doute, c'est seulement quand on a le temps de penser, avec recul, et puis quelques fois, on finit par se tanner de notre chimère. On décide qu'on divorce d'avec elle, et on se dit qu'on a perdu plein de temps, et on lui reproche d'être une chimère.
Le doute qu'on redoute, c'est celui qu'on n'écoute pas, qu'on musèle, jouant à celui qui parie le tout pour le tout. Parce que celui-là est plus une vision qu'autre chose. Parce que le doute-vision , double vue inversée, s'avère seulement quand il est trop tard. Alors on dit:"Ah! Je le savais!". Ça ne sert à rien. C'est un don stupide et vain. J'atteste.

Et sur une haute note, la suite de ma vie:





Je doute un peu de l'efficacité de l'énergie que je déployerai pour aller m'exposer en France le mois prochain, avec ma mission impossible de caser le Québec dans l'agenda du Printemps des Potiers. Quelle est la plus grande difficulté que j'ai à rencontrer à ce sujet? L'enthousiasme de mes semblables collègues, qui préfèrent encore manger des nouilles ramen que de rédiger un dossier qui pourrait les amener loin. Je suis déçue. Mais je ne lâche pas car je suis chienne et chienne je ne lâcherai pas mon os.

jeudi 3 février 2011

En février, faîtes bonne impression!

Chez Gaïa, du 10 de février au 6 de mars, nous présentons le boulot de céramistes qui utilisent l'impression comme moyen de décor: sérigraphie, monotype, décalcos. Le thème culminera avec une expo solo de Marianne Chenard, notre nouvelle recrue, du 10 au 29 mars.
Qui feront bonne impression:
Jasna Sokolovic, prix Winnifred Shantz 2010
Catherine Auriol, prix France-Québec Professionnels 2010
Marianne Chenard
Diane Sullivan
Jacinthe Brind'Amour
Marc Savard
Laura McKibbon
Jasna Sokolovic


Marianne Chenard
Diane Sullivan

Marc Savard

mercredi 2 février 2011

Mon coeur est un jardin de givre


Glacée jusqu'au bout des veines, je me dirigeai hier soir vers ma kasba, fourbue de ma journée de 14 heures qui suivait la veille, elle aussi fort longue.


Pendant les deux journées, j'ai joué devant la caméra, pour un groupe de réalisateurs de documentaires. Celui-ci, je vous le donne en mille, sur la céramique. Ils souhaitent faire un parallèle avec les céramistes roumains. C'était quand même amusant d'expliquer tout à tous, connaissent pas le métier, mais font un film dessus. On leur a un peu scénarisé la journée, on a tourné moi qui tournais, moi qui décore, moi qui assemble, moi qui parle, moi qui enfourne, moi qui défourne, moi qui prépare le repas du midi, moi qui fais la vaisselle, moi qui réponds au téléphone, moi qui prépare les cours, moi qui balaie le sol, moi qui le lave, moi qui guide la stagiaire, moi qui remplis les formulaires pour les expositions, moi qui prépare celle qui aura lieu chez nous. Moi moi et moi. Eh bé. Moi vs la Roumanie. C'était rigolo. Mais c'était toujours un monologue, une prestation sans filet, sans maître de cérémonie.




Gaïa a pris une légère tangente. Elle a changé l'axe de rotation. Elle ne fait désormais plus tellement boutique, avec les gugusses de commerce habituels. Elle présente sérieusement le travail sérieux de gens pas sérieux qui travaillent sérieusement sans se prendre au sérieux. Il y a le chien qui dort sur le plancher, la musique qui résonne, les drills qui touillent, le monte-charge qui monte et descend. C'est pas un sanctuaire, c'est un aéroport où les idées donnent leur passeport aux oeuvres qui à leur tour décolleront vers d'autres mondes.


Gaïa s'appellera désormais Galerie.




Entretemps, je continue à panser les plaies de mon coeur barouetté, battu par ces vents contraires et froids, ligotée par ce manque de temps doux.


Je suis en deuil, et pour cause, tant de ports fermés depuis deux ans, que je sens mon navire qui se cherche une crique pour recoudre ses voiles. Je la trouverai entre les craques du vernis de ces faux-finis qui ont su me montrer le chemin de la redemption en m'isolant et, me donner enfin le regard quiet qu'il me fallait pour tendre vers la paix.