lundi 9 septembre 2013

Quand faire le ménage de ses courriels équivaut à se laver le coeur.

Hier soir, bien mal fichue d'une soirée mal arrosée, j'ai entrepris la zapette de certains mails dans ma boîte, remontant ainsi jusqu'en 2007. Temps plus heureux ou pas, je ne sais pas. A l'époque je divorçais, et pour me garder une contenance et occulter tous les frais reliés à ces douleurs, je m'étais éprise d'un ancien camarade de Cegep. Tout Don Juan qu'il était, sa galanterie, ses baises - mains , ses regards chauds, et des sous-entendus, j'étais devenue immobile dans des filets plus pernicieux que ceux que je cherchais à éviter. Il est maintenant clair à mon esprit que nous nous protégeons en faisant de la projection sur l'autre, on transfère, on mélange, on excuse, en pointant du doigt la brindille de l'Autre, la poutre qui nous obstrue la vue.

Je relisais donc des mails, et tous les conflits émotionnels que j'avais causé car je refusais d'avouer la chose , de la crier, de l'assumer, de donner le pouvoir à l'autre gigolo de me jeter. Ce qu'il fit naturellement, car l'amour, ça transpire. Et il a eu trop raison. Il avait compris bien avant moi que les jeux de séduction restent des jeux, et moi, qui étais une épave de morve et de sel contenues, je voyais ma vie passer dans les égouts. C'est con de rencontrer les gens au mauvais moment.
Pauvre mec, je l'ai dérouté par moquerie, je le méprisai un peu quand il avait des moments de bonheur sans moi. J'étais jalouse. Pourquooooooi pas moi, que je me disais. Et ces mensonges blancs et ces finauderies pour me l'attacher, quelle bête je fais. Maintenant je vois clair dans mon propre jeu et je n'en suis pas fière. 
Ainsi, je le voyais comme un pourfendeur de torts sociaux, et je voulais qu'il me défende, qu'il me protège, qu'il me prenne dans ses gros bras et  qu'il me rassure, qu'il me dise quelques mots doux, qu'il partage mon oreiller. Je voulais qu'il soit quelqu'un qu'il n'était pas , et ça, je ne le voyais même pas. Comme je voulais tant qu'il m'adopte, j'étais prête à renier tout et son contraire. Estime de soi pourrie, quand tu nous tiens. Mais comment aimer quand on ne s'aime pas...
Et après qu'il m'eut lâché pour une autre histoire d'amour tragique, je me suis morfondue pendant des mois, à tenter les retrouvailles, à méticuleusement tenter de me l'amadouer. Peine perdue, je n'étais rien à ses yeux. Et avant de comprendre que ses yeux indifférents ne faisaient pas de moi une merde, que plein d'autres yeux pouvaient me donner le souffle de la vie, j'étais vidée.

Et avant cela, celui d'avec qui nous avions divorcé, c'était aussi un gamin mal aimé.
J'ai pu enfin comprendre que les patterns sont des patterns, qu'on aime pour être aimé. Aimer, pas de problème. Être aimé, pas de problème. Mais les deux en même temps, on dirait que dans cette vie, je n'aurai pas la chance d'être servie.

Alors voilà. C'est un blogue. Je me tais et je commence. Je ne suis pas ce que je dis, je ne fais pas ce que je suis, je suis mon propre miroir déformant.
Rick, si tu lis ça, saches seulement que j'aurais fait la carpette pour toi, et merci de l'avoir refusé.

vendredi 15 février 2013

Le ciel gris me bouffait la pêche en petites bouchées . Tranquillement je me sentais envahie d'une grande lassitude, dont la taille rivalisait avec la masse de travail qui m'attend, toujours, jour après jour. Je me suis surprise à penser qu'un de ces petits matins, j'aurai une envie de folie furieuse, de départs lointains ou de cachettes secrètes. Ce faisant, je pensais à des gens, que j'aimais, certains du plus profond de mes boyaux, qui l'auront toujours ignoré, car ils ignorent pas mal plus que mon amour invisible et silencieux, je pensais à ceux qui m'ont enlevé un bout de coeur pour le mettre aux enchères, et dont personne ne voulait, comme un tabouret auquel il manque une patte, une bicylette à la roue crevée, le petit laid aux lunettes jamais choisi dans l'équipe de soccer, la vilaine moche qui reste sur le banc pendant les slows. Celle qui a toujours la cage ouverte pour mieux se faire piétiner les coucous, celle-là je ne peux plus la blairer.
La pathétique et la lamentable, deux jumelles astreignantes, ces menteuses mythomanes, je les exècre et aussi je les vénère car sans elles je ne trouverais pas la force d'en rire.
Je pensais comme ça à des gens qui font leur vie sans que ne leur manque mon image dans le portrait de leurs aventures. Comme ils sont manquants dans les miennes. Je suis la roue qui tourne dans ma tête, une alvéole dans la ruche rushante. je suis un spaghetti bolognèse qu'on offre à des affamés végétariens.
Je suis tout et je ne suis rien. Etre la dernière volonté d'un condamné à mort, juste que quelqu'un à un moment réalise que ce qui le retenait et le tenait c'était le souvenir que je l'ai aimé.