mardi 21 décembre 2010

Total Eclipse of ze Heart

Hier, dans la nuit, il y avait une éclipse que je m'étais promise de regarder. C'était sans compter sur les effets dévastateurs du liquide dégénérateur englouti au cours de notre célèbre party de Noël Gaïa ( 'tain les trémas)... Me suis pas rendue là, j'ai bien essayé, mais j'ai pas pu. J'ai flanché. 'Tain, quand même j'aurai espéré voir Yvette dans le ciel , debout devant la lune, la grondant gentiment , comme elle faisait quand on était des enfants stupides. Samedi , aux funérailles, et après, à la maison, notre acharnement à noyer nos souvenirs, on était encore les enfants stupides d'autrefois, avec des cheveux gris. Nos enfants se regardaient et , tacitement, avaient tous saisi dans nos blagues infantiles, notre absorpsion (hin?) immodérée d'alcool et des restes de sandwiches pas de croûte, toute la synergie qui nous unit, toute l'histoire de nos gènes et notre culture familiale, français, artistocrates mais aussi, ce germe de solitude qui pousse depuis qu'on est devenus orphelins de la plus belle dame que j'ai rencontré dans ma petite insignifiante existence.
Assise sur le dos de St-Pierre, Yvette née Beauchamp, veillera sur nous encore pendant une quarantaine de jours, puis elle ira mettre de l'ordre en haut, replacer la cravate de son mari Léon, caressé la joue de Madeleine, de son Philippe, de Georges, de Julie, de Michèle, de Mathilde, d'Antoine, et de tous ceux qui nous ont quittés bien avant elle, sans qu'elle comprenne pourquoi.
J'attends l'éclipse de mon deuil, j'attends la lumière, je guette la nouvelle étoile dans le ciel, et je la reconnaîtrai, car elle aura la même couleur que l'amour qu'elle nous a donné.

jeudi 9 décembre 2010

Feue la Baronne


C'était à l'occasion de ses 100 ans, nous étions tous réunis autour d'une femme d'une rare trempe. Elle nous a formés, éduqués, donnés des valeurs, des principes. Le sens de la famille, la générosité, l'intelligence, la bonté, la sévérité parfois, mais toujours son coeur fut bon et ses mains douces.
Née Beauchamp, le 14 juin 1909, Yvette est la seconde fille de quatre . Son père, Léon qu'elle adorait, était le fier propriétaire d'une des premières voitures de Montréal. Il aura même une contravention pour excès de vitesse sur la rue St-Denis, il roulait à 20 milles à l'heures. Yvette conduira donc dès 1925. Sa vie est jalonnée de toute l'histoire du Québec et du monde. L'arrivée des technologies, les frigos, les autos, les femmes qui votent, la télé, le FLQ, la reine, les guerres, les années soixante, la chute du mur, le déclin de l'Église, la fin de la ségrégation, Alys Roby etc. Veuve à 52 ans, elle a fait sa vie comme une rebelle. Elle s'est acheté une voiture pour ses 75 ans. Elle m'a dit qu'aucun garçon ne valait nos larmes. Elle recevait tous les dimanches midi, et moi, beurrée pas beurrée, je m'y rendais pour être certaine de recevoir ma dose hebdomadaire d'amour, d'inquiétudes et de poulet au four.
Quand elle a commencé à perdre la carte, elle le camouflait en nous appelant, les garçons, Séraphin Beau Fouette, et les filles, Joséphine. Le jour où elle n'a plus levé la tête en me voyant , au Mouroir Outremont, toute dédiée à sa tarte au sucre, j'ai perdu mon ancre. Ne restait plus que la carcasse indigne d'une âme de reine. Elle est partie pour de bon hier soir vers 21 heures. `
Dans ma chambre hier, le système de son s'est allumé tout seul.

mercredi 8 décembre 2010

Une journée mi -figue, mi raisin



Aujourd'hui, le 8 décembre, je me rappelle qu'il y a trente ans, un jeune chanteur populaire était assassiné. Toutes les filles de ma classe de secondaire 5 étaient en larmes. Spécialement celle aux très longs cheveux blonds. Moi qui vivait déjà dans mon univers hermétique de folie douce et de retranchement nihiliste, j'ignorais de quoi on faisait si grand cas. Sinon que mourir assassiné c'est poche. Ça je le comprenais bien. C'est donc ainsi que je fis la connaissance post-hume de Lennon.


Mais aujourd'hui c'est aussi la date d'anniversaire de la copine Laura de Vancouver.


Aujourd'hui, c'est aussi les derniers milles pour ma grand-mère plus que centennaire, chaque minute compte pour une decennie. Mon coeur est en lambeaux.


Aujourd'hui , des mains de la ministre je crois, ou d'un bonnet de leur choix, je reçois le prix France Québec. Gros montant pour de beaux projets avec le collègue Jean -Noel Peignon.


Aujourd'hui c'est aussi le jour où je prends le pouls de ma santé amicale et mentale. Je suis dévastée par le kaleidoscope hallucinant qui nous fait voir des miroitements et des images, qui ne sont pas réels. C'est aussi le jour où une partie de moi est morte.

La reine est morte, vive la reine.

vendredi 3 décembre 2010

Toronto, part two.

Nous voici à l'aube de notre 8eme journée au festival de la poussette.
Tout va pour le mieux, on compte les heures qui nous séparent de notre remise de peine. Les ventes sont tranquilles mais stables. L'année prochaine se promet d'en être toute une.
On a épuré notre kiosque , ça donne aussi l'impression que ça sort. Hier on a eu encore une folle, on les appelle comme ça les femmes qui délirent devant le stand et repartent avec plein de gros morceaux. Elles-mêmes le disent: I am crazy, I am crazy about your work, I am crazy. On les croit sur parole. Il y en a une qui est revenue en courant l'autre jour, survoltée de sa décision d'en commander encore plus. On aime ces crazy Torontoises.

Autrement notre château en haut d'une tour est assez attachant. On y est bien.